"A tous les visiteurs, si vous apportez avec vous votre mets favori, salé ou sucré, si vous savez chanter ou danser sans retenue avec la légèreté du vent printanier et de la rivière en automne,si vous n'affichez pas un air suffisant ou affligé,alors nous partagerons la plus grande joie"
Santoka
Santoka
lundi 25 octobre 2010
feuilles volantes
*
chute des feuilles
un clochard compte
sa ferraille
*
sur le pont
le 100 mètres effréné
des feuilles d'automne
*
dans le sillage
du camion de pompiers
panique de feuilles mortes
*
danse des feuilles -
un reste de soleil
sur mes yeux clos
*
affolées
par les cris d'enfants
les feuilles d'automne
*
feuilles d'automne
à chacune
sa chute
*
le vent du soir
balaie les feuilles mortes
et les tracts
*
vent d'automne
sur les maïs fauchés …
ô le son des feuilles desséchées!
*
ses larmes
comment les arrêter ?
- tombent les feuilles ...
*
le vent souffle
une farandole de feuilles rousses
à chaque carrefour
*
vent frais -
les feuilles mortes
bien vivantes
*
ciel noir -
les feuilles mortes
rasent les murs
*
marche solitaire -
les chemins mêmes se retrouvent
dans une folie de feuilles
*
dans la bourrasque
voltigent des feuilles mortes
- chauffage à fond
Vincent, Charlotte et Sarah
*
en haut de l'escalator
les piétons accueillis
par des feuilles folles
*
de plus en plus couvert
entre des arbres
de plus en plus nus
*
le vent
qui siffle à la fenêtre
dépouille les arbres
à mon coeur aussi
il arrache quelque chose
feuilles volantes
*
pour faire du feu
le vent m'apporte
assez de feuilles mortes
Ryôkan
*
la grange, nageant
dans une mer
de feuilles mouvantes
the barn, swimming
in a sea
of windblown leaves
Jack Kerouac
*
coup de vent
rouleau de feuilles mortes
sur le vieux chemin
gust of wind
a roll of fallen leaves
on the old path
André Vézina
*
à la porte automatique
elle hésite et puis s'en va
la feuille morte
at the automatic door
a dead leave hesitates
then leaves
Eric Maisonnave
*
nulle terre où retourner
les feuilles dansent
sur le trottoir
no land to return to
the leaves are dancing
on the pavement
Hiroshi Tokui
*
au milieu de nulle part
les feuilles traversent
la frontière du conté
in the middle on nowhere
the leaves are crossing
the county's border
An'ya
*
rouges et jaunes
elles dévalent les collines
vers les villages
red and yellow
they rush down the hills
towards the villages
Shiro Ogawa
*
Balayant le temple
je sens que l'automne s'avance
de jour en jour
sweeping the temple
i feel autumn progress
day after day
Souen Nakagawa
*
les feuilles tombent
à partir de maintenant
l'eau va devenir savoureuse
leaves are falling
from now on the water
will be savoury
Santoka
*
elles virevoltent, les feuilles dorées
sur la tombe noire
de la danseuse étoile
they swirl, the golden leaves
on the black grave
of the prima ballerina
Marie-Sylvine Dechaume
*
De temps en temps
la cascade elles taquinent
les feuilles d'automne
from time to time
they tease the waterfall
the autumn leaves
Issa
*
Entre deux rafales
Elle se croit immortelle
La dernière feuille accrochée à l'arbre
Thierry Cazals
*
Feuilles sous le vent
Pourquoi courir s'entasser
Dans le coin du mur ?
leaves in the wind
why do you run and pile up
in the corner of the wall ?
Michele Vernerie
*
plein de feuilles
le panier du vélo
courses d'automne
full of leaves
the bike's basket
autumn shopping
neko
*
solitude -
le poids
d'une feuille morte
solitude -
the weight
of a dead leaf
Lydia Padellec
*
dans l'immeuble
quelques feuilles
vers l'ascenseur
Daniel Py
*
du bout de la rue
accourant à ma rencontre
les feuilles mortes
Dominique Champollion
*
Jour de la Toussaint...
un masque de Mickey
parmi les feuilles mortes
Patricia Neubauer
*
voix de l'automne -
certaines feuilles meurent en silence
d'autres luttent
Dana-Maria Onica
*
Bonfire roast
of fallen leaves -
sweet potatoes
Koju Fujieda, Echizen
*
into the afterlife
red leaves
Peggy Willis Lyles
*
mardi 19 octobre 2010
retour du froid
*
encensée
la bimbeloterie des brocanteurs
- premiers froids
*
premiers froids -
les brocanteurs se frottent les mains
sous les arbres rouges
*
sur la page froide
sa main ne se repose pas
longue nuit d'automne …
*
à demi nu
dans l'air froid du salon -
haïku de minuit
*
premiers froids -
les grincements de mon cuir
dans la plainte du vent
*
premiers froids -
les nuits s'allongent
l'écharpe aussi
*
matin blafard ...
près du chantier tous les arbres
en col roulé
*
cette année encore
par mes semelles s'infiltre
la pluie d'automne
*
le goût familier
du baume à lèvres ...
les feuilles racornies
*
un an a passé ...
ce même banc public
ce bon vieux noisetier
*
le vent glacial
taille les arêtes
d'une roche isolée
*
retour du froid
*
dix huit octobre ~
réapparues à mes pieds
ces foutues chaussettes
Bikko
*
Une lanterne à la main
je sors un gros édredon -
nuit froide !
Buson
*
La statue guerrière
Ce matin, semble combattre
Ses premiers frissons!
Seegan Mabesoone
*
Soleil d'automne
l'ombre froide d'un arbre
feuillage de feu
Lydia Padellec
*
toujours en retard ...
des baisers chauds sur
des lèvres froides
des lèvres froides
Dana-Maria Onica
*
la lune s'est voilée
les nuages annoncent la pluie
mes vieux os aussi
Line Michaud
*
rouge de froid, vite
elle se glisse chez moi
la feuille d'érable
elle se glisse chez moi
la feuille d'érable
Richard Breitner
*
tu pars
feuilles de cerisier écrasées
froid d'automne
Qing Lu
*
charmante dame
elle doit se sentir seule -
pivoine dans le froid
Hajimu Hirakita
*
Herbes de pampas
quand elles se fanent, on s'aperçoit
que le froid arrive
Issa
*
Le froid de l'automne
s'approche des hortensias
Ici à Shinano
Hisajo Sugita
*
in the eyes of someone
suffering from cold, the obi sach i have
undone lies coiled
Mme Takako Hashimoto
*
Il reste éveillé
et dit qu'il a dormi.
froide nuit automnale
Buson
*
Nuit d'automne
Le papier troué d'une cloison
Joue de la flûte
Issa
*
My cold and damp feet
Feel as distant as the moon
On this autumn night
Richard Wright
*
Vieux jardin -
sous la lune je jète
l'eau d'une bouillotte
Shiki
*
dimanche 17 octobre 2010
automne
Je ne remplis pas jusqu'au bord
ma coupe de ce vin généreux,
couleur d'ambre.
La tête encore claire,
je veux jouir
de mon allégresse.
Le vent du soir se réveille
au tintement des cloches.
Le parfum de santal s'évanouit
et mon rêve se brise.
Mon épingle d'or a glissé,
libérant ma lourde chevelure.
Dans ma chambre vide je m'éveille,
face aux flammes rouges
des chandelles.
Li Qingzao, Les Fleurs du cannelier, Ed. Orphée La Différence.
début de l'automne
*
mon petit chat blessé
se trainant pour lécher
les béquilles de ma fille...
my injured kitten
crawling to my daughter
to lick her crutches
*
un jeune homme
parmi les feuilles frémissantes ...
premier rendez-vous
a young man
among the shivering leaves ...
first rendez-vous
*
ce soir sur mes doigts
le sucre des churros -
le fleuve scintille !
on my fingers tonight
sugar from the churros
glittering river !
*
skateurs sur le ride
cygnes sur la Sâone
lentement, le soir ...
*
pour chaque colère
la douceur de la châtaigne
au fond de ma poche
for each fit of temper
the softness of the chestnut
deep in my pocket
*
vieille douleur
dans mes poignets ...
crachin d'automne
an old ache
in my wrists ...
autumn drizzle
*
devant les mains tendus
du mendiant au carrefour :
les essuie-glaces
*
monte au quatrième
le parfum de la lavande
claque le sécateur
*
dans le balai du coiffeur
mes boucles
et une feuille morte
swept by the hairdresser's broom
my curls
and a fallen leaf
*
jour gris -
seul à table
un rouge-gorge
grey day -
alone at the table
a robin
*
matin blafard ...
près du chantier tous les arbres
en col roulé
*
vincent Hoarau
début de l'automne
*
Je n'ai encore
nul lieu où reposer ma tête
au début de cet automne
Issa
*
Les rizières sont
du même vert que la mer :
début de l'automne
Bashô
*
L'azur de mer fonce
La terre commence
à faner
Mme Kazuko Nishimura
*
Le commencement de l'automne.
Après le bain
une sensation de lassitude
Taigi
*
dans les toilettes
des graffitis
l'automne approche
Hôsai
*
Début d'automne
feuilles vertes et feuilles mortes
en silence
Jean Pierre Cresta
*
Une feuille jaune
s'accroche au rocher de la rivière
l'automne commence ...
Bruce Ross
*
début d'automne
le silence de nos pas
dans la pinède
Hélène Leclerc
*
colchiques fleuris
pas encore l'automne
plus vraiment l'été
André Cayrel
*
Pâté de lapin
Parfum de thym
L'automne chasse l'été
Denise Malod
*
peuplier -
une feuille jaune solitaire
signe l'automne
A. Sethuramiah, Inde
*
Mon silence
fait écho
aux feuilles mortes
l'automne
me rend moins seule
Lydia Padellec
*
Surprise aujourd'hui par le vent du matin
je compte les jours
En une nuit, l'automne est arrivé
Izumi Shikiku
*
mardi 12 octobre 2010
Festival de l'AFH
La semaine dernière était organisé dans ma belle ville de Lyon le Festival international du haiku francophone. Celui-ci était inauguré par une lecture publique à l'auditorium de la bibliothèque de la Part-Dieu à laquelle je participais, en compagnie de grands auteurs de haïku. Le jeune haijin que je suis a donc été passablement intimidé. Lire en public était déjà une épreuve en soi. Mais lire mes propres haiku à ce parterre de connaisseurs, parmi lesquels figuraient un grand nombre des poètes que j'admire, ma gorge en était toute nouée.
J'ai donc usé de la même stratégie que lorsque j'ai sauté à l'élastique. Ne pense pas. Jète toi dans le vide. Et réfléchis après.
Nous avions chacun choisi une saison. J'avais quant à moi opté pour l'été. Comme il avait été décidé que les autres auteurs liraient leurs textes en français et dans une autre langue (espagnol, anglais, allemand), j'ai décidé de lire une partie de mes haiku en créole.
Les textes que j'ai lu sont les suivants :
cinq heures du mat'
remontant l'avenue déserte
le parfum du lilas
five in the morning -
going up the empty avenue
scent of lilac
*
pause déjeuner -
je m'allonge pour regarder
les abeilles au travail
lèr gouté
mi alonz atèr pou rogard
moush a myel travail
lunch break -
i lie down to watch
the bees at work
*
un peu de soleil
un peu de pluie
sur les pomélos mûrs
in ti guiguin soley
in ti guiguin la pli
si pamplemous mir
a bit of sun
a bit of rain
on the grapefruits
*
enfin l'été!
le ventilateur souffle
une année de poussière
summer at last!
the fan blows
a whole year's dust
*
"oté, ou lé mèg don!"
disait-elle en servant le cari
ma tante malade
"comme tu es maigre!"
tédi mon matant malad
kan té serv amwin cari
"how skinny you are! "
she said serving the cari
my ill aunt
*
une peau de pêche
glisse doucement
- parfum d'été
slowly sliding
a peach peel
- summer perfume
*
quelle chaleur!
sur le portail vert
la peinture fraîche
it's hot!
on the green gate :
fresh paint
*
où était-ce
cet alambic suintant
le lourd parfum du vétyver?
ousa lété sa
so lalanbik i transpir
lodèr lour vétivèr?
where was it
this still that oozed
the heavy perfume of vetiver ?
*
canne à sucre :
l'enfant perdu sur une route
mâche ses racines
kann bonbon :
marmay la pèrd shomin
i mastik son rasine
sugar-cane :
lost on a road, a kid
chews his roots
*
sur la pierre chaude
où disparut le lézard
poser la main
(en hommage à Jean Féron)
on the warm stone
where the lizard has vanished
i lay my hand
(dedicated to Jean Féron)
*
dimanche d'août -
une éolienne
au ralenti
sunday in august -
a windmill
idling
*
loin de la mer et de ses mouettes
mon champs de lavande
et ses papillons blancs
far from the sea and its seagulls
my lavander field
with its white butterflies
*
sur le ballon qui dérive
une libellule bleue
fait une pause
on a drifting ball
a blue dragonfly
takes a break
*
la rivière est fraîche -
sept petits papillons bleus
sur le bikini
fresh river -
seven little blue butterflies
on the bikini
*
ciel de plomb -
la robe blanche de l'enfant
s'en moque
syel an plon
la rob marmay la
lé pala ek sa
lead sky -
the child's white dress
doesn't care
*
fraicheur du soir
le lent mouvement de la mer
entre mes orteils
freshèr tibrïne
la mer i koul dousman
autour mon dwadpié
evening coolness -
the slow motion of the sea
between my toes
*
à son cocktail
le couchant ajoute
une rondelle orange
the sunset
adding an orange slice
to his cocktail
*
la plage désertée -
une autre gorgée de rhum
et la mer qui s'enflamme!
tousèl si bord'mer -
ankor in tikou d'romm
la mer i pèt an flamm!
deserted beach -
another draught of rhum
and the sea takes fire!
*
baignoire
une grenouille en plastique plonge
bruits de l'eau
bath tub -
a plastic frog jumps
the sound of water
*
vieil homme
un papillon de nuit
en bouton de chemise
old man
with a moth
as a shirt's button
*
tué
dans les pages d'un roman noir
le moustique
killed
in a thriller book
the mosquito
*
Voie Lactée ...
sur son dos blanc je compte
les grains de beauté
voi lakté ...
si son blan mi kont
tash kodèn
Milky Way ...
on her white back i count
the beauty spots
*
nuit chaude
chuchotements
du linge et de la peau
hot night
sheets and skin
whispering
*
enfuie
avant que j'ouvre la bouche
l'étoile filante!
la shapé
avan mon boush i rouv
la komèt!
gone
before i open my mouth
the shooting star !
*
une tombe
cachée dans l'ombre tiède
des filaos
in tommb
kashyèt dan dousèr lombraz
filao
a tomb
hidden in the warm shadow
of a she-oak
*
A la suite de cette lecture, il y eu des rencontres. De belles rencontres avec de grands auteurs. De riches échanges avec des passionnés. Chaque soir, je suis revenu chez moi le coeur chantant.
La grande haijin Madoka Mayuzumi nous a fait l'honneur d'une conférence sur le haïku. Elle a évoqué ce concept ,nouveau pour moi, du haien, le "lien par le haiku" qui unit les haijin dans une relation particulière. Au cours de ces quelques jours de festival, j'ai pu à maintes reprises sentir ce lien. Discussions, promenades-haiku, ateliers, kukai et lectures furent autant d'occasions d'échanger, à partir des haiku de chacun, des sentiments personnels et des pensées intimes. Le haiku, parce qu'il nous amène à nous dévoiler, à nous mettre à nu devant l'autre, parce que cet autre fait de même et qu'il ne s'en trouve jamais aucun dans l'assemblée pour ricaner ou dénigrer, le haiku fait naître - c'est le sentiment que j'ai eu - une forme d'amitié, un lien nouveau entre ceux qui acceptent de partager.
je l'entend
passer d'un arbre à l'autre
le murmure du vent
Le dernier soir, rentrant chez moi, je me sens envahi par une sorte d'euphorie que je n'avais jusqu'à lors ressenti qu'après des rendez-vous amoureux. Une vague de joie qui me fais sourire comme un benêt. Le soleil caresse toutes les rues où je passe et partout dans ces rues, je sens l'amour sous toutes ses formes. Je le sens entre ces deux jeunes jeunes filles qui s'amusent sur leur vélo. Je le sens chez ces deux parents qui saluent leur enfant sur le carroussel. Je le sens dans ce vieux couple assis sur ce banc. Je le sens partout. Et je me sens bien. Le haïku a cette magie, qu'il fait apparaître ce qu'il y a de bon en l'homme. Et c'est plein de ce sentiment que je remonte les quais et le boulevard qui me mènent chez moi, avec dans le coeur cette envie puissante d'embrasser chaque passant.
le haïku
le haiku peu à peu
le haiku peu à peu me guérit
de ma misanthropie
Bien sûr, ce sentiment sera de courte durée. J'en ai déjà fait l'expérience. Mais je le goûte tant qu'il dure, ne sachant trop si j'ai envie de rire ou de pleurer.
La difficulté, comme toujours, sera de ne pas laisser le quotidien me tirer à nouveau vers le bas. De ne pas laisser les méchancetés et les petitesses de l'homme me noircir le coeur et le flêtrir comme un vieux fruit. De me rappeler les choses qui comptent et celles qui sont dérisoires. De me servir du haïku pour ouvrir les yeux tout en prenant du recul.
C'est là un combat de chaque jour.
festival de poésie -
de retour, dans la boîte aux lettres
la facture d'E.D.F.
lundi 11 octobre 2010
promenade haiku
à travers le feuillage
la lumière
du ruisseau
Vincent Hoarau
dans l'eau émeraude
les feuilles dorées -
paix des premiers jours
Vincent Hoarau
souche creuse -
le murmure des feuilles
à son oreille
Vincent Hoarau
arbres centenaires -
il aide sa vieille épouse
à faire quelques pas
Vincent Hoarau
un jeune homme
parmi les feuilles frémissantes ...
premier rendez-vous
Vincent Hoarau
la Tête d'Or
une forêt dans la ville
où parlent les arbres
Philippe Bréham
murmure des feuilles ...
une jeune maman
berce son bébé
Vincent Hoarau
parmi les feuilles mortes
un billet de 50
offert aux écureuils
Jean-Louis D'Abrigeon
le silence du sous-bois
sur chaque banc
un haijin l'écoute
Vincent Hoarau
grand soleil !
pour tomber, les feuilles
prennent tout leur temps
Vincent Hoarau
Ateliers, kukai et autres haikus
Lors d'un kukai organisé par Jean Antonini, j'ai particulièrement apprécié les haiku suivants :
la librairie
où jadis je volais des livres
s'est agrandie
Philippe Quinta
chandail
sorti de l'armoire
douceur d'octobre
Patricia Roulet
(deuxième prix)
courant d'air
porte qui claque
un rhume passe
Patricia Roulet
sombre journée
un chrysanthème à lui tout seul
éclaircit le jardin
Ion Codrescu
maison à vendre -
l'abricotier en fleur
comme jamais auparavant
Ion Codrescu
sur une page blanche
une fourmi cherche en vain
un point de repère
Ion Codrescu
(même si d'aucuns disent qu'il faudrait bannir les haiku évoquant un insecte sur une page blanche)
trottoir caressé
par les feuilles mortes -
ma main sur ton visage
Lydia Padellec
soleil sur le banc
retenir
l'été qui s'en va
Patricia Roulet
et enfin
étant tout jeune
je ne regardais pas les arbres
comme aujourd'hui
Jean Antonini
(que j'ai adoré et qui a remporté la palme)
*
Par la suite, Lydia a animé un atelier ayant pour thème (ô combien difficile !) la lune à travers les cinq sens. Difficile d'être original, tant la lune a inspiré les poètes. Nous avons relevé le défis malgré tout.
la lune est pleine -
un pas résonne quelque part
dans la cité
Vincent Hoarau
dix ans de haiku
pas encore senti
le parfum de la lune
Philippe Quinta
attendre la pleine lune
le cri d'un hibou
traverse le bosquet
Ion Codrescu
en soie de Chine
se mettre le nez dedans
l'or de la lune
Rob Flipse
le parfum du riz
s'échappe de la casserole
- clair de lune
Vincent Hoarau
grosse lune d'automne
au bout de la rue
un chien aboie
Philippe Quinta
vernissage sans lune
le goût du sushi
différent qu'au Japon
Ion Codrescu
bras dénudés -
embrassant la lune
tattoo d'enfant
Rob Flipse
lune voilée
une aspirine amère
sur ma langue
Vincent Hoarau
la lune
à deux doigts du fou
et du gosse
Philippe Quinta
lune croissante
le bébé refuse de toucher
un grand ours en peluche
Ion Codrescu
sa petite main
douce et froide
jeune pouce sous la lune
Vincent Hoarau
"c'est vrai papa
la lune
c'est pas du fromage"
Philippe Quinta
éclipse de lune
le parfum du thé
envahit mon atelier
Ion Codrescu
absorbé par la lune
la bouche pleine
d'une pastille Vichy
Vincent Hoarau
et le sublime haiku suivant :
en ton absence
la lune est venue
à mon ermitage
Ion Codrescu
*
Mais beaucoup d'autres haiku furent écrits, lus ou entendus au cours de cette belle et riche semaine :
une 2CV grise
passait dans le Vieux Lyon ...
valse des feuilles
Vincent Hoarau
*
kimono de la fête des fleurs -
quand je l'enlève
tant de cordelettes emmêlées à mes jambes
Hisajo Sugita
*
la même vague
une vingtaine de surfeurs
et un cormoran
Bikko
*
la place lavée
la pelouse fraichement tondue ...
un nouveau jour
Vincent Hoarau
*
Fosse-aux-Lions -
au soleil paresse
un chat noir
Rahmatou Sangotte
*
soleil d'automne -
une vieille femme scrute
sa pièce rouge
Vincent Hoarau
*
un nuage
en forme de montagne
sur la montagne
Bikko
*
ils déneigent
à plusieurs reprises -
grog au cognac
Geert Verbeeke
*
solitude
le poids
d'une feuille morte
Lydia Padellec
*
"haien"
entre les arbres dispersés
le murmure du vent
Vincent Hoarau
*
attendant debout
dans la clarté de la lune
un jeune ignorant
Vincent Hoarau
même les morts
sous leur dalle de marbre
prennent le soleil
Martine Gonfalone
*
repas d'enterrement
davantage aujourd'hui
de bruit des couverts
Philippe Bréham
*
Je finis par le grand prix du haiku 2010 qui fut décerné à Valérie Rivoallon pour le haïku suivant
l'araignée
en toile de fond
le ciel
*
Mais les meilleures choses ayant une fin, tous s'en sont repartis.
festival de poésie -
de retour, dans la boîte aux lettres
la facture EDF
vincent
samedi 9 octobre 2010
lundi 4 octobre 2010
dimanches
*
trois enfants chuchotent
vers la chambre des parents -
petit déj' au lit
*
à chacun sa part :
pains, fromages, patisseries -
dimanches éternels
*
les invités enfin à table
on libère
le parfum du riz blanc !
*
de l'apéro
au café de sept heures
dimanches interminables
*
un boeuf bourguignon,
une leçon de violon ...
les rues le dimanche
*
ballade digestive -
sur une bouillie de feuilles humides
leur pas lourd et lent
*
ballade dominicale -
un foot improvisé
avec un marron
*
à la fin du dimanche
j'arrache sa tête
à une religieuse
*
long repas du dimanche -
parler de tout et de rien
en tripotant des miettes
*
le weekend se termine -
on finit le café
à toutes petites gorgées ...
*
il coupe son fromage,
il parle politique -
un dimanche en France
*
les convives repartis
tintent les bouteilles vides
dans le couchant d'automne
*
tanka d'automne
*
déjà moins de feuilles
sur les platanes de l'école -
fraicheur du soir
comment s'appelait-il déjà
cet ami d'enfance ?
*
vendredi 1 octobre 2010
premiers froids
*
par un trou
de ma semelle lentement
s'infiltre l'automne
*
une fillette
à pieds joints dans une flaque
de lumière !
*
les bogues molles
sous mes semelles
gorgées de pluie
*
premier soir d'automne -
un cousin solitaire
un peu perdu
*
premiers jours d'automne -
a-t-elle le même goût
la pomme de terre ?
*
de plus en plus rares
ils pépient
de plus en plus fort
*
quand partent les oiseaux
elle revient
la couette en plumes d'oies
*
tiédeur d'automne -
les boulistes de la place
un peu plus vieux
*
loin du cochonnet,
après la dernière boule,
un gros pigeon
*
après la dernière boule,
un gros pigeon
*
une heure sur la colline -
dans son pull-over noir
le soleil d'automne
*
le vent d'automne
à nouveau dans les maïs
siffle sa solitude
*
douce bruine
assis dans l'herbe fraiche
à l'écoute de l'eau
*
Vincent Hoarau
premiers froids
*
L'automne est arrivé
sans aucun doute -
atchoum !
Buson
*
L'azur de mer fonce.
La terre commence
à faner
Kazuko Nishimura
*
début d'automne
feuilles vertes et feuilles mortes
en silence
Jean-Pierre Cresta
*
L'automne à nouveau
des feuilles de l'allée le bruissement
plus lent
Magdalena Banaszkewicz, Pologne
*
Surprise aujourd'hui par le vent du matin
je compte les jours
En une nuit l'automne est arrivé
Izumi Shikiku
*
dans les toilettes
des graffitis
l'automne approche
Hosai
*
premiers froids
le nez dans l'inhalateur
elle me parle encore
Philippe Quinta
*
Tu pars
fleurs de cerisier écrasées
froid d'automne
Qing Lu
*
premiers grands froids
je pense à ma grand-mère
dans sa tombe
Thierry Casasnovas
*
Une lanterne à la main
je sors un gros édredon -
nuit froide !
Buson
*
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