Trouvé dans Un Carré d'aube de Yvon Le Men, ces quelques tercets qui m'ont tout l'air d'être des haïku, où en tous cas s'en approchent beaucoup. D'aucuns diront qu'ils sont par trop "poétiques", même si nombre de haijin japonais contemporains vont bien plus loin, mais bon ... chacun se fera son idée :
l'ombre du corbeau
est elle plus noire
que celle de la sterne?
*
le noir du corbeau
noir
s'éclaire dans le courant
*
comme le musicien
le papillon bat la mesure
de ses ailes
*
avec son bec
la sterne déroute la lumière
de la marée
*
quand il vire
le martin-pêcheur laisse filer du bleu
derrière son vol
*
verte
cette feuille qui chute
elle poursuivra sa mort sur le chemin
*
presque aussi légère
qu'une feuille
qui tombe
la mésange qui monte
*
plus loin, après quelques courts poèmes magnifiques ...
*
l'estuaire est tendu
comme un drap
entre deux rives
*
sous le silence
de la glace
la rivière grandit
*
comme des étoiles filantes
elles tombent du frêne
les feuilles mortes
*
du rouge
de l'automne
ne restent que les feuilles du roncier
*
oui
c'est bien moi
dis-je au cormoran
qui continue de faire son cormoran
*
brisé
sur la glace
le soleil couchant
*
sur la glace
la nuit avance
à pas d'ombres
*
tapi
derrière les buissons
le soleil couchant
*
J'ai en tous cas fait la connaissance d'un auteur d'exception dont les poèmes résonnent en moi intensément. Je vous en recommande chaudement la lecture.