"A tous les visiteurs, si vous apportez avec vous votre mets favori, salé ou sucré, si vous savez chanter ou danser sans retenue avec la légèreté du vent printanier et de la rivière en automne,si vous n'affichez pas un air suffisant ou affligé,alors nous partagerons la plus grande joie"



Santoka




mercredi 30 avril 2008

A travers les champs de colza







ils vont

par Sept-Chemins

parmi le colza







piste illuminée

de l'aérodrome ?

champ de colza







jour d'été -

au milieu du colza :

moi et un bourdon







salle d'examen

quatre mille étudiants

pas un souffle







jour d'examen

ces miettes que je lance aux pigeons

je n'en ai ai pas assez







jour d'examen

sur la pelouse au soleil

les étudiants

les corbeaux







mille étudiants

les yeux sur leurs fiches

et moi le nez au vent







examen raté

marche lente du retour

le parfum des fleurs des champs !







plein soleil

un gros bourdon fouille

son chardon épanoui






Colza






Champs de colza
J'ai oublié ma pipe
Greffant des arbres

Buson





***



Le soleil à l'ouest
la lune à l'est, et entre deux
Le colza jaune feu !

Buson






***

Fleurs des champs

samedi 26 avril 2008

herbes vertes, jeunes feuilles


jeunes herbes, jeunes feuilles






Pure merveille
feuille verte, jeune feuille
Dans l'éclat du soleil

Bashô





*




de retour vivant
herbes et arbres
sont luxuriants

Santoka





*




un calme parfait
sur un oreiller d'herbe
loin de ma cabane

Ryôkan





*




partie de campagne
l'herbe collée à mes coudes
respire le soleil

Otsuji





*




matin d'été
sous mes pieds le frais parfum
de l'herbe mouillée

Philippe Quinta





*




Quelques écolières
Allongées entre les brins
D'herbe et de muguet !

Shûôshi





*




C'est un trou de verdure où chante une rivière

Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argent; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.



Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort; il est étendue dans l'herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.




...






arthur rimbaud

La peau du lait (2)




lune d'été
sur chacune des fleurs
du pommier





***




premiers rayons
surface luisante d'une pomme
dans l'herbe humide





***




après la tondeuse
sur la pelouse se dressent
les taupinières !





***




au pied
de la baie vitrée neuve
un oiseau mort





***




fière
de son mulot
la chatte





***




silence de juillet -
un petit couinement :
la chatte joue au mulot





***




parfaite
la courbe de l'hirondelle
jusqu'à son nid





***




imprévu :
des mûres
plein la capuche





***




au plus profond
des ronces de mûriers
les plus belles prises





***




une mûre
saigne
dans ma bouche





***




la mûre d'été
jamais on n'en mange
qu'une





***




dans la cuisine normande
le parfum lourd
des confitures





***




ballon perdu
dans l' exubérance
des hortensias humides





***




rosiers de maman
les footballeurs du dimanche
lèvent le pied





***




fraîcheur du soir -
serpente dans la pelouse
le tuyau d'arrosage





***




quand descend le soir
elle aussi, elle transpire
la pelouse en été





***




mercredi 23 avril 2008

La peau du lait (1)


Souvenirs




soir d'automne -
j'irais bien donner des épluchures
à quelques lapins



***



couloirs du métro
je voudrais entendre
la cloche d'une vache !



***



La peau du lait (1)




me revient
le caquètement des poules
au fond des villages



***



raclement
de la vieille porte
début des vacances



***



deux frêres
sur le chemin de la ferme
un soir de juillet



***



grimaces
des gamins de la ville
cul crotté de la vache



***



de ci
de là
la queue de la vache



***



le bruit du lait
qui gicle dans le seau
je l'entend encore



***



la vieille fermière
avait de grosses mains et un poireau
au menton



***



sur le bidon de lait
en fer blanc
l' éclat doré du soleil



***



une fois encore
dans les salades du voisin
le ballon



***



le chien des voisins
sa langue
frénétique



***



sel dans quatre seaux
l'agonie silencieuse
des escargots



***



Léon ! Léon !
le prénom supplié
par la chatte en chaleur



***



dans l'eau bouillonnante
de la piscine à rondins
l'herbe fraîchement tondue



***



jour après jour
le vélo un peu plus haut
sur la montagne



***



soir d'hiver
deux bambins nus, sautillants
dans une bassine



***



matin d'hiver
l'enfant grimace :
la peau du lait



***



la lune d'été
sur chacune des fleurs
du pommier



***



notre pommier
au fond du jardin
qu'est-il devenu ?



***



les vieux voisins
qui nous ont vu grandir
ne sont plus



***



lundi 21 avril 2008

Aimé Césaire


l'oeuvre de l'homme

"Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,



car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie

que nous n'avons rien à faire au monde

que nous parasitons le monde

qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde



mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer

et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur

et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force



et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu'a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite."





Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal, Ed. Présence africaine

Au poète aimé




cette geôle noire
et ses barreaux couverts de neige
c'est la mienne



***



cerné
par la mort blanche
le vieux moricaud



***



il navre les missionnaires
ils lui disent Jourdain
il chante Zambèze !



***



voum rooh oh !
danse nue de l'enfant noir
sous la lune pâle



***



canne à sucre
l'enfant perdu sur une route
mâche ses racines



***



"l'odeur du nègre
ça fait pousser la canne"
... poing serré



***



tranquille
un mouton broute
son ombre



***



combien de draps anglais
ou de viande sâlée
pour ce jeune nègre ?



***



banc du tramway
un nègre (grand comme un pongo)
se fait tout petit



***



jour de houle -
dans mon verre l'alcool
qui remue



***



au bout du petit matin
la pirogue noire
sur le sable blanc
glisse



***



au dos de la lettre
son adresse :
Quartier Abandonné



***



le vieux nègre
est mort
hurrah !*



***



ce soir dans la nuit
un vieux chien noir
aboie
aboie
aboie



***



dans le grand trou noir
d'un lac
il pêche



***




* citation : "Et au milieu de tout celà je dis hurrah ! mon grand-père meurt, je dis hurrah ! la vieille négritude progressivement se cadavérise"



Aimé Césaire

dimanche 20 avril 2008

Aimé Césaire


Gardez-vous de croiser les bras

Et je lui dirais encore :



"Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir."


Et venant je me dirais à moi-même :


"Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse ..."




Aimé Césaire


Au poète aimé





carcasse de bois

toit de tôle brûlante :

"notre maison"





*




vieille cuisine

le luisant vernis

du cancrelat




*



Noël -

tout pour que rien

ne manque




*



Noël -

de pauvres cases riches

de victuailles




*



Noël -

des rues désertes pleines

de chants




*



boudin pimenté

et punch au lait

un poète s'attable




*



nuits noires -

pédale la vieille Singer

nuits blanches




*



toits de la rue Paille

que brunit l'embrun

et que rasent les vents




*



en lettres d'or

sur le verre de la lampe à huile :

MERCI





samedi 19 avril 2008

Haiku s



*

redoux -
dans l'air un petit air
d'accordéeon
17.02.07


*

plein hiver -
se chauffant les doigts
l'accordéoniste
17.02.07


*

jeux de guerre
accroupis, un jeune soldat
et un criquet
17.02.07


*

la chaleur de l'été
réveille des odeurs anciennes
de chèvres et de vernis
27.02.07


*

matin d'hiver -
un ciel blanc
un cheveu blanc
29.01.07


*

épaisse la nuit
épaisse la couverture
épais le silence
Montarchet / 01.07


*

dimanche d'hiver -
la ruelle blanche
baignée de soleil
01.07


*

journée silencieuse -
la chatte
gratte sa litière
01.07


*

dans l'herbe rase
les pattes ambrées
d'une pince à cheveux
01.07


*

lisant des haiku
de la jeune femme endormie
les doux ronflements
22.02.07


*

ballade sur les quais -
passe un col vert
solitaire
23.02.07


*

assis sur un banc
à regarder le monde
passer
24.02.07


*

festin de miettes
les moineaux sautillants
avant le gras pigeon
24.02.07


*

pas rapides de l'hiver
la fillette stoppe
... jolie feuille jaune
24.02.07


*

un vaste ciel bleu
une ligne électrique
trois pigeons noirs
24.02.07


*

fraîcheur du soir
le va-et-vient de la mer
entre mes orteils
été 2006


*

seul au salon
les yeux perdus sur les murs
un oiseau me siffle !
été 2006


*

sieste printannière
réveillé dans l'herbe tiède
- monde bleu
été 2006


*

nuit chaude
à chaque voiture qui passe
un bruissement de vague
12.09.06


*

quais d'Amsterdam
au loin les cris d'une mouette -
solitude
15.09.06


*

assis dans le bus
sur le siège voisin
une araignée
20.09.06


*

au fond du jardin
une tache de lumière
prière d'un tournesol
17.09.06


*

calme jour d'été
et soudain sur la ville
un dialogue de cloches
17.09.06


*

deux parapluies
un grand noir, un petit rose -
promenade d'automne
19.11.06


*

matinée d'automne
dans les hautes herbes
tête basse
24.11.06


*

froid soleil d'automne
la rue vide et immobile
grand silence bleu
26.11.06


*

long après-midi
au rythme des pages tournées
- miaulement du chat
27.11.06


*

crise des subprimes


crise des subprimes
pas un battement
dans l'aile du papillon

Ecrire un haiku


écrire un haiku ?
flâner
sur un raccourci

Jetés


Jetés sur le trottoir
par les jeunes feuilles
pétales du prunus

dimanche 13 avril 2008

solitude

Now within the house

a new emptiness ... i listen

with tearful eyes



James William Hackett





***




sous la lune brillante

je rentre chez moi en compagnie

de mon ombre



Sodô





***




Si seul

que je fais bouger mon ombre

pour voir



Hôsai




***

Absence




chambre vide
des rires de la fillette
l'écho lointain



***



son petit lit
peluches
immobiles



***

Absence




la ruelle
où nous jouions hier

déserte



***



elle emporte avec elle
son sac à dos
et son rire



***



retour de la gare
du ciel bleu
il n'a rien vu



***



jeudi 10 avril 2008

prunus


pluie de pétales

averses de mars
les fleurs blanches de prunus
dans les giboulées

M. Bruguière



***



averse de pétales
je voudrais boire
l'eau des brumes lointaines !

Issa



***



pluie de pétales
virevolte au rose pâle
au-dessus de l'eau froide

Géraldine



***



prunus

prunus
que tes fleurs lourdes de pluie
s'épandent !



***



l'air humide
ploient les baleines roses
du prunus



***



Vincent Hoarau