"A tous les visiteurs, si vous apportez avec vous votre mets favori, salé ou sucré, si vous savez chanter ou danser sans retenue avec la légèreté du vent printanier et de la rivière en automne,si vous n'affichez pas un air suffisant ou affligé,alors nous partagerons la plus grande joie"



Santoka




vendredi 22 juillet 2011

la boîte à virgules

j'ai rangé toute ma ponctuation dans une boîte à outils
elle m'encombrait
des quantités de points, de virgules et de points-virgules
que j'ai jetés en vrac avec la plupart de mes tirets
mais surtout toutes les majuscules
qui commençaient à prendre trop de place
sur les étagères de mes poèmes
s'affaissant sous leur poids
il ne me reste plus à présent
qu'une quantité de clous
pour planter mes colères et mes émerveillements
un petit crochet
pour suspendre les mystères
et les questions en attente
et aussi les trois petits points
les trois petites clefs dont on se sert
pour ouvrir les horizons
mais j'ai surtout gardé un point
un seul
un point pas plus gros qu'une tête d'épingle
ou que l'homme sur l'horizon
juste avant qu'il ne soit plus rien
ce petit point
le point final
je le garde précieusement
pour plus tard
quand le moment sera venu
le point du jour
de la fin


Vincent Hoarau

orties

orties & ronces



*















vieux tronc
les orties me laissent
une petite place















soleil vif !
une ronce griffe
le ciel d'automne















les orties et les ronces
dans la douce chaleur
du soleil d'automne















solitude ...
la piqûre
d'une ortie















bientôt l'hiver -
la haie se hérisse
de ronces et d'orties















lendemain d'orage
dans l'air chaud de midi
les orties prospèrent















à l'orée du bois
en embuscade
les orties !















la ronce
qui m'a griffé cet automne
m'offre sa première fleur















lendemain d'orage
les orties
en colliers de perles















au plus profond
des ronces de mûriers
les plus belles prises















loin des regards
les orties mal aimées
osent fleurir















dans mon refuge
le bourdon aime aussi
les fleurs d'orties












*

j'aime l'araignée et j'aime l'ortie

J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,
Parce qu’on les hait ;
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;

Parce qu’elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu’elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;

Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;
Ô sort ! fatals nœuds !
Parce que l’ortie est une couleuvre,
L’araignée un gueux ;

Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,
Parce qu’on les fuit,
Parce qu’elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit.

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !

Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie
De les écraser,


Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !



Victor Hugo, les Contemplations