Le cri
*
De la bouche d'un homme
a jailli
comme la lave
le cri que j'avais
au fond de la gorge.
Je le regarde ébahi
mordre mon poing serré
et je me réveille
non
nous ne laisserons plus
les jeunes filles casser des cailloux dans des mines du Ghana
les mères ramener l'eau croupie à leurs enfants maigres
les vieillards aux prunelles d'argent mendier sous les vitrines
les jeunes morts-vivants ballotés au gré du vent
(...)
entends tu la clameur monter
des entrailles de la terre ?
la colère vient
la rage couve
un à un
ils cessent
de creuser la terre de leurs doigts nus
et ils se lèvent
et ils avancent
et ils traversent les mers
et ils franchissent tes murailles
et ils encaissent tes coups de bâton
et ils te forcent à les voir
en face
ils suent du sang et pleurent des mouches
ils viennent
de pays pas si lointain
parfois même
de l'autre côté de la rue
ils viennent
du pays de la faim
par millions ils viennent
manger ton festin
se laver dans tes piscines
boire l'eau claire de tes golfs
dormir dans tes draps de soie
par millions
par millions ils viennent
par millions ils viennent
réclamer leur dû.
Vincent Hoarau
1 commentaire:
qui osera dire,après ça, que la poésie est inutile...
Bravo Vincent, très émouvant
phil
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