"A tous les visiteurs, si vous apportez avec vous votre mets favori, salé ou sucré, si vous savez chanter ou danser sans retenue avec la légèreté du vent printanier et de la rivière en automne,si vous n'affichez pas un air suffisant ou affligé,alors nous partagerons la plus grande joie"



Santoka




mardi 9 août 2011

le cri (ébauche)

Déchiré par la vue d'un enfant rachitique rampant dans le sable, j 'écris ici cette ébauche.


Le cri


*

De la bouche d'un homme
a jailli
comme la lave
le cri que j'avais
au fond de la gorge.

Je le regarde ébahi
mordre mon poing serré
et je me réveille

non
nous ne laisserons plus
les jeunes filles casser des cailloux dans des mines du Ghana
les mères ramener l'eau croupie à leurs enfants maigres
les vieillards aux prunelles d'argent mendier sous les vitrines
les jeunes morts-vivants ballotés au gré du vent

(...)

entends tu la clameur monter
des entrailles de la terre ?
la colère vient
la rage couve

un à un
ils cessent
de creuser la terre de leurs doigts nus
et ils se lèvent

et ils avancent
et ils traversent les mers
et ils franchissent tes murailles
et ils encaissent tes coups de bâton
et ils te forcent à les voir
en face
ils suent du sang et pleurent des mouches

ils viennent

de pays pas si lointain
parfois même
de l'autre côté de la rue
ils viennent

du pays de la faim

par millions ils viennent
manger ton festin
se laver dans tes piscines
boire l'eau claire de tes golfs
dormir dans tes draps de soie


par millions
par millions ils viennent
par millions ils viennent


réclamer leur dû.



Vincent Hoarau

1 commentaire:

Anonyme a dit…

qui osera dire,après ça, que la poésie est inutile...

Bravo Vincent, très émouvant

phil