Sur la sauterelle et le grillon
La poésie de la terre ne meurt jamais :
Quand tous les oiseaux défaillent par le brûlant soleil
Et se blottissent dans la fraîcheur des arbres, une voix s’élève et court
D’une haie à l’autre, tout autour des prairies nouvellement fauchées;
C’est la voix de la sauterelle — elle dirige le chœur
Des riches plaisirs de l’été — elle n’est jamais au bout
De ses réjouissances : quand elle est épuisée d’avoir joué comme une folle,
Elle se délasse à l’aise au pied d’une herbe exquise.
La poésie de la terre ne cesse jamais :
En un soir d’hiver solitaire, quand la gelée
A bâti son édifice de silence, voici que du poêle s’élève un cri aigu,
La chanson du grillon, qui, toujours plus chaleureuse,
Semble à l’ouïe à demi perdue dans la somnolence
Le chant de la sauterelle parmi l’herbe des collines.
***
On the grasshopper and cricket
The poetry of earth is never dead :
When all the birds are faint with the hot sun,
And hide in cooling trees, a voice will run
From hedge to hedge about the new-mown mead;
That is the Grasshopper’s — he takes the lead
In summer luxury, — he has never done
With his delights; for when tired out with fun
He rests at ease beneath some pleasant weed.
The poetry of earth is ceasing never :
On a lone winter evening, when the frost
Has wrought a silence, from the stove there shrills
The Cricket’s song, in warmth increasing ever,
And seems to one in drowsiness half lost,
The Grasshopper’s among some grassy hills.
(John Keats)
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