Henri Edmond Cross - Les Iles d Or.
aux murs
des photos de là-bas
usées par son regard
des photos de là-bas
usées par son regard
Brigitte Briatte
*
veille du départ -
une pointe de curry
sur la langue
une pointe de curry
sur la langue
Vincent Hoarau
*
l'année qui s'en va
dans la boîte aux lettres
sa carte de séjour
dans la boîte aux lettres
sa carte de séjour
Hélène Duc
*
clandestin
souvent son seul repas
la peur au ventre
souvent son seul repas
la peur au ventre
Gérard Dumon
*
fête au village
le fils est bien arrivé
chez les blancs
le fils est bien arrivé
chez les blancs
Gérard Dumon
*
en nattes africaines
elle fait le ménage des autres
pieds nus dans sa tête
elle fait le ménage des autres
pieds nus dans sa tête
Gérard Dumon
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la mer ...
pour ceux qui espéraient
une fosse commune
pour ceux qui espéraient
une fosse commune
Daniele Duteil
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projet d'hiver
dans les yeux de la caissière
le soleil de son île
Eleonore Nickolay
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sans-papier
elle chante une berceuse
à son ventre
Geneviève Marceau-Vacchino
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Ignorer le nom
des arbres des oiseaux
douleur de l'exil
Jo Pellet
*
Les ailes en croix
tombé en chemin
l'oiseau migrateur
Jo Pellet
*
Tout quitter
Se confier à la mer
Et au passeur
Et au passeur
Geneviève Rey
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des rires
en langue étrangère
sous une lune familière
Klaus-Dieter Wirth
*
un colvert affamé
a émigré
au zoo de la ville
Zivko Prodanovic, Croatie
*
Jour du Travail ---
un travailleur immigré vend
des drapeaux américains
*
nine autumns...
I point to the harvest moon
the new home
I point to the harvest moon
the new home
Chenou Liu
*
les pétales du cerisiers
noyés dans l'eau froide
... sept cent naufragés
noyés dans l'eau froide
... sept cent naufragés
Vincent Hoarau
*
Avant de la voir, depuis des jours, la mer était une odeur,
une sueur salée, chacun s’imaginait sa forme. ...
une sueur salée, chacun s’imaginait sa forme. ...
Elle sera un croissant de lune couché, elle sera comme le tapis de prière,
elle sera comme les cheveux de ma mère.
elle sera comme les cheveux de ma mère.
Qu’était-elle en réalité ? Un ourlet enroulé à la fin de l’Afrique,
les yeux éblouis de miroirs, des larmes de bienvenue.
les yeux éblouis de miroirs, des larmes de bienvenue.
Sur la plage, nous buvons le thé des Berbères,
nous faisons cuire des œufs dérobés aux oiseaux blancs.
nous faisons cuire des œufs dérobés aux oiseaux blancs.
Des pêcheurs nous offrent des poissons lumineux,
nous suçons la pulpe des squelettes d’arêtes transparentes.
nous suçons la pulpe des squelettes d’arêtes transparentes.
Le vieux à côté du feu discute avec les marchands
du prix pour monter sur la mer de personne.
du prix pour monter sur la mer de personne.
(…)
Nuit de patience, la mer voyage vers nous,
à l’aube l’horizon se noie dans la poche des vagues.
à l’aube l’horizon se noie dans la poche des vagues.
Dans notre entassement avec les femmes au milieu,
un enfant meurt dans les bras de sa mère.
un enfant meurt dans les bras de sa mère.
Quel meilleur sort que la fin dans un giron,
Ils le tendent aux vagues, un chant à voix basse.
Ils le tendent aux vagues, un chant à voix basse.
la mer engloutit dans un rouleau d’écume
la feuille tombée de l’arbre des hommes.
la feuille tombée de l’arbre des hommes.
(…)
Ils veulent nous renvoyer, ils demandent où nous étions avant,
quel endroit nous avons laissé derrière nous.
quel endroit nous avons laissé derrière nous.
Je leur montre mon dos, c’est tout le derrière qu’il me reste,
ils se fâchent, pour eux ce n’est pas une deuxième face.
ils se fâchent, pour eux ce n’est pas une deuxième face.
Nous nous honorons la nuque, là où se précipite l’avenir
qui n’est pas devant, mais qui arrive par derrière et nous dépasse.
qui n’est pas devant, mais qui arrive par derrière et nous dépasse.
Tu dois rentrer à la maison. Si j’en avais eu une, je serais resté,
même les assassins ne veulent nous reprendre.
même les assassins ne veulent nous reprendre.
Remettez-nous sur le bateau, chassez-nous en hommes
Nous ne sommes pas des paquets et toi Nord tu n’es pas digne de toi-même
Nous ne sommes pas des paquets et toi Nord tu n’es pas digne de toi-même
Notre terre engloutie n’existe plus sous nos pieds,
notre patrie est une barque, une coquille ouverte.
notre patrie est une barque, une coquille ouverte.
Vous pouvez repousser, mais pas ramener,
le départ est une cendre éparse, nous sommes des aller-simple. "
le départ est une cendre éparse, nous sommes des aller-simple. "
Erri De Luca
1 commentaire:
Superbe post!
Bonne soiree!
Photographe Gil Zetbase
http://www.gilzetbase.com/
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