"A tous les visiteurs, si vous apportez avec vous votre mets favori, salé ou sucré, si vous savez chanter ou danser sans retenue avec la légèreté du vent printanier et de la rivière en automne,si vous n'affichez pas un air suffisant ou affligé,alors nous partagerons la plus grande joie"
Santoka
Santoka
lundi 31 mars 2008
Bébé
salle d'attente
plaisantant
tant qu'on peut
*
énorme
mon auriculaire
dans ta petite main
*
mon bébé
tout est petit
sauf ses yeux
*
mon bébé
tout frippé
comme un bourgeon
*
toute sa tête
dans la paume de ma main
- sourires
*
papa ... maman ...
la chambre silencieuse
- sourires
*
vers la mairie
dans l'air printanier
un prénom en tête
*
plaisantant
tant qu'on peut
*
énorme
mon auriculaire
dans ta petite main
*
mon bébé
tout est petit
sauf ses yeux
*
mon bébé
tout frippé
comme un bourgeon
*
toute sa tête
dans la paume de ma main
- sourires
*
papa ... maman ...
la chambre silencieuse
- sourires
*
vers la mairie
dans l'air printanier
un prénom en tête
*
Bébé
à l'anniversaire
les petits doigts du petit
le pouce du grand-père
Rob Flipse
*
la petite main
dans la grosse
paluche
Danièle Duteil
*
Chérie réveille toi ! Est-ce
un chat en chaleur ? ou est-ce
le bébé qui pleure ?
Geoffrey Wilson
*
Dans ma bouche
tu mets les doigts
pour recueillir les sons
Denise Therriault-Ruest
*
premier éternuement
toute la surprise du monde
dans les yeux du bébé
Klaus-Dieter Wirth
les petits doigts du petit
le pouce du grand-père
Rob Flipse
*
la petite main
dans la grosse
paluche
Danièle Duteil
*
Chérie réveille toi ! Est-ce
un chat en chaleur ? ou est-ce
le bébé qui pleure ?
Geoffrey Wilson
*
Dans ma bouche
tu mets les doigts
pour recueillir les sons
Denise Therriault-Ruest
*
premier éternuement
toute la surprise du monde
dans les yeux du bébé
Klaus-Dieter Wirth
dimanche 23 mars 2008
Pâques
le Père Noël
elle n'y croit déjà plus
- voyons les cloches
*
aube brumeuse ...
un couple enfouit ses oeufs
multicolores
*
cloche rouillée
des enfants en pyjama
s'élancent
*
si vaste
le jardin où se cache
l'oeuf de Pâques
*
noisetier humide
un oeuf
de l'an dernier
*
au bout du fil
la fillette énumère
les chocolats récoltés
*
poule de Pâques
il ne te faut qu'une minute
pour perdre la tête
*
printemps
sous la pluie
quelque chose qui cloche
*
en sursis
dans l'herbe humide
la pâquerette
*
vendredi 21 mars 2008
Pluie de printemps
A flood of spring rain
Searching into drying grasses
Finds a lost doll
Richard Wright
*
Première averse de printemps
Maintenant mon nom sera
"l'errant"
Bashô
*
Coolness of spring rain
Waiting with the bus queue
On nealy cut hair
Alan Summers
*
Par la pluie de printemps
Mouillée
La balle sur le toit
Buson
*
Pluie de printemps
En bavardant s'éloignent
Manteau de paille et parapluie
Buson
*
sous la pluie
égouttant à grands gestes
sa salade
Dominique Champollion
*
Searching into drying grasses
Finds a lost doll
Richard Wright
*
Première averse de printemps
Maintenant mon nom sera
"l'errant"
Bashô
*
Coolness of spring rain
Waiting with the bus queue
On nealy cut hair
Alan Summers
*
Par la pluie de printemps
Mouillée
La balle sur le toit
Buson
*
Pluie de printemps
En bavardant s'éloignent
Manteau de paille et parapluie
Buson
*
sous la pluie
égouttant à grands gestes
sa salade
Dominique Champollion
*
Pluie de printemps
pluies de printemps
dans l'eau froide du caniveau
des pétales jaunis
*
fleurs de magnolia
et déjà les jeunes feuilles
qui s'en mêlent
*
Vincent Hoarau
*
magnolia
premier jour du printemps
sous la pluie le magnolia
jaunissant
*
premier jour de printemps
des pétales de magnolia
au long du caniveau
*
sous la pluie le magnolia
jaunissant
*
premier jour de printemps
des pétales de magnolia
au long du caniveau
*
mardi 18 mars 2008
magnolias
comme si elle était mon âme
elle s'épanouit, la fleur de magnolia
je me sens mieux
K. Bôsha
*
Dans la touffeur verte
une fleur de magnolia
en pleine floraison
Ryôkan
*
on n'entend plus
les voisins qui s'engueulent
magnolias en fleur
Bill Bilquin
*
jogging de printemps -
sous le magnolia en fleur
il ralentit
Vincent Hoarau
Magnolias
douze mars :
jour où mon magnolia
s'épanouit
*
semaine pluvieuse
au meilleur de sa forme
le magnolia
*
les fleurs de magnolia
tirent la langue
- pluie de printemps
*
c'est quand le magnolia
déborde dans la rue
que vient le printemps
jour où mon magnolia
s'épanouit
*
semaine pluvieuse
au meilleur de sa forme
le magnolia
*
les fleurs de magnolia
tirent la langue
- pluie de printemps
*
c'est quand le magnolia
déborde dans la rue
que vient le printemps
lundi 17 mars 2008
Aux poilus
Ossuaire de Douaumont -
mais qui sont ils
tous ces crânes
*
pelouses
le régiment nous fait visiter
les tranchées
*
à Verdun la fière
tant de fiers soldats
terrifiés
*
La France
oui, certes
... son compagnon surtout
mais qui sont ils
tous ces crânes
*
pelouses
le régiment nous fait visiter
les tranchées
*
à Verdun la fière
tant de fiers soldats
terrifiés
*
La France
oui, certes
... son compagnon surtout
*
il relève le prénom
du dernier de nos poilus :
Lazare !
*
imberbe
le plus jeune
des poilus
*
pas encore Français
pas encore majeur
il monte au front
*
Lazare
son cortège funèbre
se lève et marche
*
marchons, marchons
que seule l' eau pure
abreuve nos sillons
*
aux poilus
Voici quatre-vingt ans que chaque année, au mois de novembre, est célébrée la fin de ce qu'on a appelé la Grande Guerre, celle de 14-18. Ceux qui ont échappé aux massacres ont souvent des difficultés à raconter ce qu'ils ont vécu, l'horreur de cette existence pleine de morts, de souffrance et d'injustice étant difficilement imaginable pour nos contemporains. La terreur et le désespoir des tranchées, de la boue, du sang, sont toujours difficiles à raconter à ceux qui n'y étaient pas.
Et pourtant, un homme, un poète, a su transmettre, à travers ce qu'il voyait, ce qu'il vivait, l'absurdité de ces batailles où des millions de jeunes gens étaient envoyés à la mort comme du bétail. Par de rapides impressions écrites au moment où elles étaient vécues, Julien VOCANCE (1878-1954) nous a laissé son témoignage de la guerre de 14 dans un recueil intitulé "Cent visions de guerre" (une allusion au "Trente-six vues du Mont Fuji" du graveur d'estampes japonais Hokusaï). Utilisant avec efficacité la forme poétique du haïku, Julien VOCANCE a su adapter des techniques poétiques venue de l'autre côté du monde pour tenir, sous la mitraille et les bombes, un journal de guerre composé d'une succession de tercets qui racontent en visions brèves les trous d'obus, le sifflement des balles, les pauvres cadavres accrochés aux barbelés.
Certains de ces tercets sont restés célèbres. Ils retracent, en de courts tableaux, d'intenses moments de cette guerre atroce.
Dans un trou du sol, la nuit
En face d'une armée immense
Deux hommes
*
La mort dans le coeur
L'épouvante dans les yeux
Ils se sont élancés de la tranchée
*
Ils ont des yeux luisants
De santé, de jeunesse, d'espoir
Ils ont des yeux en verre.
*
Malaise de toute la chair
Où, dans un instant, peut entrer
La mitraille proche.
*
Gris fer, gris plomb, gris cendré,
Gris dans les coeurs résignés :
Relève des tranchées.
*
Pour arriver jusqu'à ma peau
Les balles ne pourraient jamais
Se débrouiller dans mes lainages.
*
Dans sa flanelle
Ses ongles vont, picorant
Les petites bêtes.
*
Il a lu la lettre de l'écolière,
Il a bien regardé son nom,
Il a dit que ça n'était pas pour lui.
*
Dans les vertèbres
Du cheval mal enfoui
Mon pied fait : floche...
*
Une belle lueur !...
Les mains aux paupières
Pour se protéger.
*
Retenu par le poids du sac, à la renverse
Sur la pente gluante,
Il gigote, hanneton comique et pitoyable.
*
Pansements durcis,
Vêtements flétris,
Visages fermés.
*
Des croix de bois blanc
Surgissent du sol,
Chaque jour, ça et là.
*
Un trou d'obus
Dans son eau
A gardé tout le ciel
*
Fleur qui respirait la lumière,
Son oeil gît,
La gorge tranchée.
*
Au petit jour,
Ils avalent goulûment
La soupe froide.
*
Dans ses yeux déjà voilés
L'affreux souvenir a passé
De la femme et des petiots...
*
Mais le poète survit tout en conservant à jamais les blessures de cette guerre effroyable.
*
Je l'ai reçu dans la fesse
Toi dans l'oeil
Tu es un héros, moi guère
*
Echappé de la lutte sanglante,
Sous la lampe du soir
Me réfugier près de toi.
*
Guerriers farouches!
Leur coeur chavire
Devant un bobo de gosse.
*
Vieux briscard,
Aux champs retiré,
Mais que l'après-guerre lamine.
*
Il s'assit,
Genoux au menton
Dans une encognure de porte.
*
Cent visions de guerre est publié dans Le livre des Haï-kaï, poèmes de Julien Vocance (Joseph Seguin), Les Compagnons du Livre, 1983
http://www.terebess.hu/english/haiku/jvocance.html
Et pourtant, un homme, un poète, a su transmettre, à travers ce qu'il voyait, ce qu'il vivait, l'absurdité de ces batailles où des millions de jeunes gens étaient envoyés à la mort comme du bétail. Par de rapides impressions écrites au moment où elles étaient vécues, Julien VOCANCE (1878-1954) nous a laissé son témoignage de la guerre de 14 dans un recueil intitulé "Cent visions de guerre" (une allusion au "Trente-six vues du Mont Fuji" du graveur d'estampes japonais Hokusaï). Utilisant avec efficacité la forme poétique du haïku, Julien VOCANCE a su adapter des techniques poétiques venue de l'autre côté du monde pour tenir, sous la mitraille et les bombes, un journal de guerre composé d'une succession de tercets qui racontent en visions brèves les trous d'obus, le sifflement des balles, les pauvres cadavres accrochés aux barbelés.
Certains de ces tercets sont restés célèbres. Ils retracent, en de courts tableaux, d'intenses moments de cette guerre atroce.
Dans un trou du sol, la nuit
En face d'une armée immense
Deux hommes
*
La mort dans le coeur
L'épouvante dans les yeux
Ils se sont élancés de la tranchée
*
Ils ont des yeux luisants
De santé, de jeunesse, d'espoir
Ils ont des yeux en verre.
*
Malaise de toute la chair
Où, dans un instant, peut entrer
La mitraille proche.
*
Gris fer, gris plomb, gris cendré,
Gris dans les coeurs résignés :
Relève des tranchées.
*
Pour arriver jusqu'à ma peau
Les balles ne pourraient jamais
Se débrouiller dans mes lainages.
*
Dans sa flanelle
Ses ongles vont, picorant
Les petites bêtes.
*
Il a lu la lettre de l'écolière,
Il a bien regardé son nom,
Il a dit que ça n'était pas pour lui.
*
Dans les vertèbres
Du cheval mal enfoui
Mon pied fait : floche...
*
Une belle lueur !...
Les mains aux paupières
Pour se protéger.
*
Retenu par le poids du sac, à la renverse
Sur la pente gluante,
Il gigote, hanneton comique et pitoyable.
*
Pansements durcis,
Vêtements flétris,
Visages fermés.
*
Des croix de bois blanc
Surgissent du sol,
Chaque jour, ça et là.
*
Un trou d'obus
Dans son eau
A gardé tout le ciel
*
Fleur qui respirait la lumière,
Son oeil gît,
La gorge tranchée.
*
Au petit jour,
Ils avalent goulûment
La soupe froide.
*
Dans ses yeux déjà voilés
L'affreux souvenir a passé
De la femme et des petiots...
*
Mais le poète survit tout en conservant à jamais les blessures de cette guerre effroyable.
*
Je l'ai reçu dans la fesse
Toi dans l'oeil
Tu es un héros, moi guère
*
Echappé de la lutte sanglante,
Sous la lampe du soir
Me réfugier près de toi.
*
Guerriers farouches!
Leur coeur chavire
Devant un bobo de gosse.
*
Vieux briscard,
Aux champs retiré,
Mais que l'après-guerre lamine.
*
Il s'assit,
Genoux au menton
Dans une encognure de porte.
*
Cent visions de guerre est publié dans Le livre des Haï-kaï, poèmes de Julien Vocance (Joseph Seguin), Les Compagnons du Livre, 1983
http://www.terebess.hu/english/haiku/jvocance.html
mercredi 12 mars 2008
La Goméra
premier soir
dans l'odeur humide
des bougainvilliers
*
d'abord les coqs
puis les oiseaux du barranco
puis les hommes
*
siesta -
trois grains de sable noir
entre ses grains de beauté
*
fin de la sieste
dans toute la vallée
"vota ! vota !"
*
campagne électorale
sur les fleurs de la vallée
l'appel au changement
*
plage volcanique
les petits Allemands
ont le cul noir
*
tombée du jour -
une fraîcheur humide
monte du barranco*
*
nuit noire -
le roulement des galets
quand la mer se retire
*
nuit noire -
ourlée
d'écûme
*
penchés dans la nuit
sur les canaux d'irrigation
répondre aux crapauds
*
retour du soleil -
sous les feuilles séches des bananiers
les geckos
*
Garajonay -
l'humidité d'une forêt
antédiluvienne
*
des forêts anciennes
il reste celle-ci
- silence sous les branches
*
silence -
et parfois
le grincement d'une branche
*
sur une pierre moussue
s'arrêter un moment
pour le silence
*
sente sinueuse
le papillon m'indique
la marche à suivre
*
chemin rouge
par les branches entrelacées
quelques rayons dorés
*
sous nos pieds
le sentier s'anime
- sauterelles rouges
*
humer
l'odeur de la campagne
et des chèvres !
*
deux mouette
perchées sur le poulailler
leur rire moqueur
*
marche après marche
son regard sur les terrasses vertes
vers le ciel immense
*
découpage
la montagne
sur le bleu du ciel
*
adossé à la montagne
les pieds dans l'océan
lisant
*
à toute heure
l'échancrure du barranco
et ses trois palmiers
*
mardi 11 mars 2008
Nuages du soir
"En fin de journée, parfois, je reste là à regarder les nuages flottants du soir qui passent exactement à ma hauteur, et j'éprouve alors presque de la joie. Je vois le monde qui repose en bas et je me dis que je peux bien m'en passer. Je n'y ai pas connu le bonheur, je n'étais pas fait pour lui ; et lui de son côté, il a largement répondu à mon antipathie, il me l'a même rendu au centuple. Cependant, il ne m'a pas achevé. Je vis encore, je lui ai tenu tête et je suis resté debout. (...) J'ai aussi appris entre autres choses que si on attend rien de lui, si on se contente simplement de l'observer en silence et avec attention, le monde peut nous offrir bien des trésorsdont les gens comblés par le succès et par l'existence n'ont pas idée."
Hermann Hesse, Nuages du soir, 1926
Hermann Hesse, Nuages du soir, 1926
So much beauty in the world
"It was one of those days when it's a minute away from snowing and there's this electricity in the air, you can almost hear it. And this bag was, like, dancing with me. Like a little kid begging me to play with it. For fifteen minutes. And that's the day I knew there was this entire life behind things, and... this incredibly benevolent force, that wanted me to know there was no reason to be afraid, ever. Video's a poor excuse, I know. But it helps me remember... and I need to remember... Sometimes there's so much beauty in the world I feel like I can't take it, like my heart's going to cave in."
"I can't feel anything but gratitude for every single moment of my stupid little life. You have no idea what I'm talking about, I'm sure. But don't worry - you will someday."
American Beauty
"I can't feel anything but gratitude for every single moment of my stupid little life. You have no idea what I'm talking about, I'm sure. But don't worry - you will someday."
American Beauty
Beauty is everywhere
"To watch a leaf quivering in the rush of air was an exquisite joy. Up in the sky swallows swooping, swerving, flinging themselves in and out, round and round, yet always with perfect control as if elastics held them; and the flies rising and falling; and the sun spotting now this leaf, now that, in mockery, dazzling it with soft gold in pure good temper; and now and again some chime tinkling divinely on the grass stalks-all of this, calm and reasonable as it was, made out of ordinary things as it was, was the truth now; beauty, that was the truth now. Beauty was everywhere."
Mrs Dalloway
Virginia Woolf
Mrs Dalloway
Virginia Woolf
Inscription à :
Articles (Atom)