"A tous les visiteurs, si vous apportez avec vous votre mets favori, salé ou sucré, si vous savez chanter ou danser sans retenue avec la légèreté du vent printanier et de la rivière en automne,si vous n'affichez pas un air suffisant ou affligé,alors nous partagerons la plus grande joie"



Santoka




dimanche 10 juillet 2011

La paix


Magritte - La grande famille















*

la paix

*







C'est fini
nous n'aurons plus d'ennemis
Lune d'automne

Kyoshi

















Au pied de la Vierge
dans la roquette évidée
un bouquet de rose

Salim Bellen

















Armistice -
si verte la mousse
sur l'obus rouillé

Vincent Hoarau

















Le jet d'eau ...
Les doigts gentils
des hommes d'après-guerre

Mme Kyôko Terada

















Guerriers farouches !
Leur cœur chavire
Devant un bobo de gosse.

Julien Vocance

















franchi le ruisseau
En vagues d'assaut
les pêchers en fleurs ...

Julien Vocance


















*

La guerre et l'univers



Nous retournerons dans nos foyers sains et saufs!
Alors
au-dessus des Russes,
des Bulgares,
des Allemands,
des Israélites,
de tous,
sous le firmament

empourpré d'aurore,
côte à côte

ont étincelé sept mille couleurs
de mille arcs-en-ciel différents.

Parmi les débris des peuples,
par les bandes dispersés,

roula comme un écho déconcerté :
"A-ha!..."
Le jour qui s'ouvrait était tel
que les Contes d'Andersen
rampèrent à ses pieds comme de jeunes chiots.

Maintenant c'est à ne pas croire
que j'aie pu marcher
sombre, à tâtons, dans le crépuscule des ruelles.

Aujourd'hui,
un petit bout de fillette

a sur l'ongle de son petit doigt
plus de soleil

qu'il n'y en eu avant sur tout le globe terrestre.
L'homme embrasse la terre de ses grands yeux.
Il croît,
il atteint la tête des monts.
L'enfant dans son costume neuf
- dans sa liberté -

est grave,

risible même de fierté.


(...)


On sanglote de joie !
Enfin il y a moi.

J'avance avec prudence

énorme
maladroit.

Ô comme je suis magnifique
dans la plus étincelante
de mes âmes sans nombre !

(...)

"Bonjour, mon aimée !"

Je comble de caresse chaque cheveu
qui boucle

tout doré.

Ô, quels vents,
de quel midi,
d'un cœur enseveli ont accompli le miracle ?
Tes yeux se sont éclos,
deux clairières !

J'y fais des cabrioles,
enfant rieur.


Et à la ronde !
Des rires.
Des drapeaux.
Multicolores.

On passe.
On se cabre.

Par milliers.
A travers.
Au trot.

Dans chaque jeune homme la poudre de Marinetti
Dans chaque vieillard la sagesse de Hugo.
La capitale n'a pas assez de lèvres pour sourire.
Tous,
hors du logis,
sur les places,
dehors !

Comme des ballons argentés,
de capitale en capitale,
lançons la joie,
le rire,
les cloches !

(...)


Vladimir Maiakovski, La guerre et l'
univers.