"A tous les visiteurs, si vous apportez avec vous votre mets favori, salé ou sucré, si vous savez chanter ou danser sans retenue avec la légèreté du vent printanier et de la rivière en automne,si vous n'affichez pas un air suffisant ou affligé,alors nous partagerons la plus grande joie"



Santoka




samedi 11 juin 2011



c'est un jour paisible -
près du bassin aux carpes
un bébé tète








*

koi ?




fillette bouche bée
devant les carpes
koi







*

carpe diem





là où il doit être
poisson dans l'eau
poisson dans la lumière





*

hors saison

Hors saison




Le savez-vous, ici
les touristes partis,
on éteint les lumières.
On range,
on remballe,
on passe le balai,
on ramasse les tessons de l'été
on replie les chaises longues,
on ferme les magasins de souvenirs
on passe les vitrines au blanc-de-Chine
on abaisse les rideaux de fer
on coupe le chauffage
on branche l'ennui
on chasse les cirques ambulants
on mitraille les oiseaux
(sauf bien sûr les corbeaux et les mouettes qui savent si bien déchirer les cœurs)
on enferme les enfants
on replie les voiliers, les parasols, les palmiers
on crève les bouées
on remet leurs chaines aux plages
on enroule la mer
et on éteint les étoiles
au plafonnier.

Bientôt il ne reste plus
que le bar des soirs d'hiver
ce bar
où l'on boira des néons bleus liquides
et de la tristesse froide.

On croisera quelque matin
notre spectre égaré
sur la Promenade
- l'Errance, devrait-on dire -
et on longera longuement des plages grises
de pauvres plages en papier mâché
abandonnées aux algues brunes
échevelées comme de vieilles démentes.
Peu après quand tombera la nuit
les résidences blêmes
nous regarderons passer
de leurs yeux morts
pleurant la rouille
vers le bar

ce bar
où l'on boira des néons bleus liquides
et de la tristesse froide.


Vincent Hoarau